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«ON A MIS QUELQU’UN AU MONDE, ON DEVRAIT PEUT-ÊTRE L’ÉCOUTER»…

Par 20 janvier 2022 janvier 25th, 2022 Aucun commentaire

La vie politique est riche en moments intenses, mais il y en a certains qui marquent encore plus que d’autres. J’en ai vécu un cette semaine, qui m’a donné beaucoup d’espoir pour l’avenir.

On était en commission parlementaire, on recevait des groupes qui venaient nous exprimer leurs recommandations pour améliorer la réforme du Protecteur de l’élève. Deux de ces groupes étaient formés de jeunes, et j’avais bataillé très fort pour qu’ils soient invités, parce qu’à mon avis ça ne se pouvait pas d’étudier un projet de loi comme celui-là sans entendre de la bouche des élèves ce qui répondrait à leurs besoins. Le gouvernement avait fini par se rendre à mes arguments et reconnaître qu’on devait les inviter. Il s’agit de Béliers solidaires et de La voix des jeunes compte.

Ces jeunes sont venus nous parler avec éloquence et aplomb des enjeux de racisme systémique et de violences sexuelles dans nos écoles. Leurs témoignages étaient aussi bouleversants que nécessaires. Leur message était clair: non seulement on n’a pas pris les moyens jusqu’à maintenant pour éviter que les jeunes vivent du racisme ou des violences sexuelles dans nos écoles, mais on n’a pas non plus mis en place les moyens de les aider quand ça arrive. Et ça arrive souvent.

Ça faisait des années que ces jeunes tentaient d’obtenir une rencontre avec le ministre de l’Éducation, sans succès. Cette semaine, leurs revendications ont été entendues officiellement à l’Assemblée nationale, et le ministre en a pris acte. Et ça m’a embué les yeux de les voir échanger enfin avec le ministre, après autant d’attente.

Je ne sais pas encore à quel point leurs revendications seront prises en compte. Mais je sais qu’avec des jeunes comme ça il y a de grands changements sociaux qui s’en viennent dans les prochaines années. Leur capacité de voir les problèmes, d’en comprendre les racines, de les nommer avec autant d’éloquence malgré la souffrance qui les habite. Leur persévérance. Leur volonté de modifier les structures autant qu’il le faudra pour régler les problèmes. Tout ça me remplit tellement d’espoir.

C’est vrai pour les jeunes de ces deux mouvements, mais aussi pour les autres. Chaque fois que je visite une école je suis impressionnée par les questions qu’on me pose. Les jeunes sont bien au fait des enjeux de notre société, que ce soit en santé, en immigration, dans la lutte au racisme ou aux changements climatiques, ou notre relation avec les peuples autochtones. Ils nous regardent aller de manière très critique.

On s’inquiète beaucoup pour la santé mentale des jeunes. On dit qu’ils vivent beaucoup de détresse. Je pense que si on les écoutait davantage, qu’on prenait en considération leurs voix, non seulement ça les aiderait, mais ça nous aiderait à avancer collectivement.